Une étude révèle que les non-fumeurs pourraient être exposés, plus que supposé aux produits toxiques rejetés par la fumée de tabac dite de « troisième main ».

Un fumeur de tabac sort dehors, fait quelques pas sur le trottoir et allume tranquillement sa cigarette. Quelques minutes plus tard, il l’éteint et revient se joindre à ses amis à l’intérieur d’un bar ou d’un restaurant, par exemple. Sur le papier, cette personne n’a rien fait de mal. Après tout, elle se plie aux règles en vigueur et aux normes sociales actuelles.

Une nouvelle étude publiée dans Science Advances rapporte pourtant que même ces fumeurs, aussi bien intentionnés soient-ils, pourraient nuire à la santé de ceux qui les entourent.

Le problème de la fumée qui « colle »

 

On distingue trois types de fumée de tabac. La fumée dite primaire, d’une part, est celle qui est inhalée par les fumeurs alors qu’ils sont en contact direct avec la cigarette. La fumée secondaire, de son côté, se constitue de la fumée expirée par les fumeurs et de celle dégagée par la cigarette elle-même lorsqu’elle est allumée. 

Enfin, la fumée dite tertiaire est celle qui reste piégée dans les cheveux, la peau, les vêtements, les murs, etc…

Alors que les dangers de la fumée primaire et secondaire sont assez bien connus, peu de recherches ont pour le moment été faites sur l’impact de la fumée de troisième main sur la santé des non-fumeurs. Des chercheurs de l’Université de Yale (États-Unis) et de la société Max Planck (Allemagne) ont ainsi mené une petite expérience dans un cinéma allemand, à Mayence. Un établissement non-fumeur depuis 15 ans et relativement bien ventilé.

Un pic de polluant au début et à la fin du film

 

Dans le cadre de ces travaux, le chimiste Roger Sheu et ses collègues ont mesuré les niveaux de produits toxiques rejetés par la fumée de cigarette (qui était forcément de troisième main) lors de plusieurs dizaines de projections de films. Ils ont alors isolé des concentrations relativement élevées de 35 composés différents, dont du benzène (Le benzène est également utilisé pour la fabrication de pneus, de lubrifiants, de colorants, de colles, d’encres et même de médicaments, d’explosifs et de pesticides).

Ces concentrations, par ailleurs, augmentaient systématiquement dès qu’un nouveau public entrait dans la salle.

Les niveaux de polluants baissaient ensuite régulièrement pendant la projection, en partie parce que ces composés ont tendance à moins se libérer avec le temps, puis augmentait de nouveau à la fin du film lorsque le public se préparait à quitter la salle. Les chercheurs suggèrent que les changements de vêtements (mettre son manteau, par exemple) pourraient expliquer ce rebond.

Chose intéressante, il a également été constaté que les pics de polluants étaient beaucoup plus importants durant les projections de films d’actions destinés aux adultes, plutôt que durant les projections de films plus familiaux. Ceci pourrait s’expliquer par le fait que les films pour le jeune public attirent moins de fumeurs dans les salles, étant donné qu’il y a davantage d’enfants qui les fréquentent.

Enfin, notons que l’exposition aux polluants n’était pas homogène dans la salle. De manière tout à fait logique, les personnes assises à côté d’un fumeur étaient davantage concernées.

D’autres recherches nécessaires

 

Cette étude ne s’est ici concentrée que sur un cinéma, mais il ne fait aucun doute que d’autres espaces publics relativement confinés, comme les transports en commun, les salles de classe ou les bureaux, pourraient également être concernés par les dangers inhérents à cette fumée de troisième main. De même, les parents qui fument à l’extérieur de leur maison ou de leur appartement pourraient sans le vouloir exposer leurs enfants à des contaminants.

Il reste aujourd’hui très difficile de déterminer le véritable risque pour la santé de cette fumée de troisième main, c’est pourquoi des travaux supplémentaires sont donc nécessaires. Néanmoins, ce que nous savons désormais, c’est que nous pouvons y être exposés plus que supposé.

Source : Science post

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